" Lexie, laisse moi jouer avec toi, s'il te plaît." Je lançais un regard suppliant à ma grande soeur de 6 ans. Du haut de ses 4 ans, la petite brunette que j'étais ne demandait qu'à passer du temps avec cette soeur qui elle, s'estimait déjà trop grande pour mes jeux enfants. Elle soupira et secoua la tête :
" Non Annabella, je suis occupée. Je dois faire la décoration de l'école. Ca demande beaucoup de temps." Lexie était déjà très douée pour son âge en peinture et dessin et sa maîtresse l'avait chargée de réaliser quelques dessins pour les murs de sa classe. La fillette en était très fière et passait son temps à ça. Je soupirais et haussais les épaules :
" Tu es méchante, tu as jamais le temps de jouer avec moi. Je vais le dire à maman." La menace ultime mais malgré ça, elle ne cédait presque jamais. Elle me chassa d'un signe de la main et je quittais sa chambre, la tête baissée. Il ne me restait plus qu'à aller jouer toute seule dans ma chambre.
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" Viens Avalon, on va jouer." Je lançais un sourire éclatant à ma meilleure amie et elle hocha la tête, se levant du banc de la cour de récréation et elle me rejoignit en courant. Je lui pris la main et on courut retrouver les autres élèves de notre classe. Depuis que j'avais 6 ans, Avalon et moi, nous étions inséparables. C'était la fille de la meilleure amie de ma mère et son grand frère ressemblait incroyablement à Lexie : toujours en train de la repousser. Du coup, nous nous étions unies elle et moi et nous passions tout notre temps ensemble. Surtout que nous étions dans la même école. Après le jeu, nous nous posâmes un instant sur l'herbe et Avalon me sourit :
" On sera toujours copines, hein ? Les meilleures copines du monde ? " Je la regardais et lui tendis ma main :
" Pour toujours et même plus encore. Je te le promets." Nous imaginions déjà notre avenir ensemble, notre mariage avec deux meilleurs copains, la maison qu'on s’achèterait tous les quatres, le chien qu'on aurait, les enfants qu'on aurait en même temps. La vie semblait pleine de promesses et de facilité et nous avions hâte de la vivre.
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" Viens Annabella, on va jouer ailleurs." Samuel m'attrapa par la main et un grand sourire se dessina sur mon visage. Du haut de mes 6 ans, j'étais amoureuse du grand frère de ma meilleure amie et j'adorais quand on jouait tous les deux.
" Lexie va te chercher." Il soupira et rit doucement :
" C'est toi que je préfère de toute façon, tu es plus marrante. Avec elle, je m'ennuie." Pourtant, ils étaient inséparables. Lexie ne le lâchait jamais d'une semelle et bien souvent, j'étais déçue de les voir partir tous les deux. Mais à elle, il ne lui tenait pas la main.
" Moi aussi je m'amuse bien avec toi." Il sourit et ébouriffa mes cheveux :
" Un jour tu verras, on se mariera tous les deux." Mon sourire se fit plus grand encore lorsqu'une voix me stoppa net :
" Pourquoi vous m'avez pas dit que vous partiez, je veux jouer avec vous moi aussi." Lexie. J'échangeais un regard contrit avec Sam et il se retourna vers elle en souriant :
" Désolé Lex, on y a pas pensé." * *
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" Enzo ... Je peux plus te faire confiance, tu comprends ça ? " Il me lança un regard suppliant et secoua doucement la tête :
" Annabella, s'il te plaît. Je t'ai dit que j'étais désolé, j'ai merdé, j'ai vraiment merdé sur ce coup-là, je sais. Mais c'était une erreur, elle comptait pas." Je soupirais et haussais les épaules :
" Je m'en fous. C'est trop tard pour t'excuser maintenant. Je vois juste que tu prends pas notre relation assez au sérieux pour me rester fidèle." J'avais seulement 19 ans mais pour moi je comptais réellement faire ma vie avec lui. Je m'étais apparemment trompé de personne. Il m'attrapa le bras lorsque j'esquissais un mouvement pour partir et il me lança un regard confus :
" Marions-nous Annabella. Je te promets que je serais à la hauteur. J'ai vraiment déconné mais je sais que tu es la femme de ma vie, qu'il n'y aura que toi que j'aimerais. Laisse-moi une chance je t'en supplie. Je peux pas imaginer te perdre." Je me stoppais net en entendant ses mots, ses paroles que j'avais tellement eu envie d'entendre et me retournais doucement vers lui :
" Nous marier ? Tu le penses vraiment ? " Il hocha la tête, un sourire sur les lèvres :
" Pourquoi attendre ? On sait tous les deux qu'on est destiné." Il s'approcha de moi et je laissais ses lèvres se déposer sur mes miennes. J'étais sans doute trop naïve mais je l'aimais et j'avais vraiment envie de croire que ça marcherait.
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" Tu fais une erreur en te mariant si tôt Annabella, tu devrais m'écouter. Samuel et moi prenons notre temps, regarde et nous nous marierons dans 2 ans." Ma soeur me dévisageait et je soupirais en haussant les épaules :
" Je sais ce que je fais. Enzo et moi on est ensemble depuis longtemps, plus que toi et Sam, je te rappelle." Je lui souris et tournais le dos pour lui montrer que la discussion était close. Heureusement, Avalon poussa la porte de la cuisine en poussant un petit cri :
" Ma meilleure amie qui se marie !!! Quel bonheur." Elle se précipita vers moi et me serra dans ses bras :
" Je suis tellement heureuse même si j'ai toujours pensé que ça serait Samuel à cette place." murmura-t-elle de façon à ce que ma soeur ne l'entende pas. Bizarrement, Avalon avait toujours dit que son frère et moi ferions un couple magique et elle n'approuvait que moyennement sa relation avec Lexie. Je souris et haussais les épaules :
" Enzo est plutôt pas mal aussi à cette place, je trouve." On se sourit, complices tandis que Lexie quittait la pièce, poussant un soupire exaspéré.
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" Félicitations Anna. Tu as réussi. Tu es avocate maintenant. Et si tu te plais toujours avec nous, je souhaite que tu deviennes collaboratrice au cabinet." J'esquissais un sourire et hochais la tête :
" Bien sûr Antonio, avec plaisir. J'ai fait plusieurs stages ici, je connais le cabinet par coeur et j'aime l'équipe. Comment refuser ? C'est un honneur que tu me fais ! Merci beaucoup." Il sourit et hocha la tête :
" Bienvenue parmi nous alors ! " Ca y est. J'avais réussi mon rêve. J'étais avocate, collaboratrice dans un cabinet que j'aimais et tout me réussissait. L'amour, la famille. Que demander de plus ?
" D'ailleurs, j'ai engagé une nouvelle assistante. Pour notre équipe. C'est toi qui la forme, tu veux bien ? " Je hochais la tête et souris :
" Bien sûr Antonio. Aucun souci." * *
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" Samuel ... Désolée de te déranger, je voulais voir Lexie." Je tentais d'essuyer les larmes qui coulaient le long de mes joues, baissant un instant le regard, gênée de me retrouver ainsi devant lui. Il avait beau me connaître depuis des années, nous étions plus distants depuis son mariage avec ma soeur. Il secoua doucement la tête :
" Elle n'est pas là mais entre si tu veux Anna'." Je hochais la tête et pénétrais dans le salon, me laissant choir sur leur canapé écru. Toute la décoration avait été soigneusement réalisée par ma soeur qui adorait son rôle de femme au foyer. Samuel n'avait pas forcément un bon boulot mais ma soeur était aidée par mon père et ça suffisait à lui assurer une vie paisible.
" Qu'est ce qui t'arrive ma puce ? " Je sentis sa main caresser mes cheveux et je haussais les épaules :
" Enzo. Il me trompe. Je l'ai découvert ce matin." Je secouais doucement la tête :
" Ca dure depuis 2 ans. Deux ans qu'il me prend pour une conne et que je ne vois rien. Je lui faisais confiance, vraiment. J'avais réussi à oublier ses conneries d'étudiant débile en pensant qu'il avait changé mais ..." Sam lâcha un soupir :
" Je suis désolé. Qu'est ce que tu vas faire maintenant ? " Je secouais la tête et lâchais d'une voix déterminée :
" Divorcer." * *
*
" Crois-moi, on ne me reprendra plus avec un homme avant bien longtemps. Etre célibataire, c'est mieux. Plus d'ennuis. Plus rien. Je fais ce que je veux, quand je veux." J'adressais un sourire à ma meilleure amie et elle laissa échapper un petit rire :
" Dis pas ça Annabella, un homme c'est utile parfois. Puis, je te connais. Belle comme tu es, tu vas rapidement faire tourner la tête de tout le monde." Je haussais les épaules et soupirais :
" Bof ... Je crois que ça ne m'intéresse plus. Refaire confiance, me refaire trahir. Je veux plus prendre de risque. Ca fait trop mal. " Je baissais un instant le regard, mon divorce m'avait fragilisée plus que je ne voulais le montrer surtout que j'avais avorté peu de temps après. Lorsque j'avais découvert que j'étais enceinte, j'étais folle de joie. Et puis, peu de temps après, avant que Enzo ne l'apprenne, j'avais découvert qu'il me trompait et j'avais avorté sitôt le divorce prononcé. Il n'y avait qu’Avalon qui le savait, même pas Lexie. Elle hocha la tête :
" Je comprends mais dis-toi que l'amour, ça demande de prendre des risques. Parfois, ça vaut la peine de souffrir un peu. Tu verras, je suis sûre que quelque chose de beau va t'arriver."* *
*
" Anna ? C'est Samuel." Je jetais un oeil à ma montre, 23h. Pourquoi m'appelait-il à cette heure-là ?
" Rien de grave Sam ? " Je sentis son souffle, sa respiration haletante :
" Il faut que tu viennes. A l'hôpital. Lexie a eu un accident de voiture, c'est grave. Il faut que tu viennes." Je sentis mon coeur s'arrêter de battre et acquiesçais avant de raccrocher et de filer dehors, encore vêtue de mon bas de jogging et de mon mini débardeur. Je m'en fichais, ma soeur était peut-être entre la vie et la mort.
Vingt minutes plus tard, j'étais à l'hôpital, dans les bras d'Samuel :
" Elle ne survivra pas. Les médecins ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire, Anna. On va la perdre." Je sentais la douleur percevoir dans sa voix et je le serrais fort contre moi, les larmes coulant le long de mes joues :
" Oh .. Samuel .. Je suis tellement désolée." On nous autorisa à entrer tous les deux dans la chambre de Lexie. Elle était plongée dans un coma profond et selon les docteurs, les fonctions vitales ne répondaient plus. Je me laissais choir dans le fauteuil près d'elle et caressais doucement sa main :
" J'aurais tellement aimé qu'on soit plus proche, Lex. J'aurais du me battre davantage pour nous. Vraiment. La vie est si courte .." Les larmes m'arrêtèrent et je sentis les mains de Sam se poser sur mes épaules pour me réconforter.
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" Annabella, je m'inquiétais. Ca fait une semaine que tu ne réponds à personne." Je haussais les épaules, lovée dans le canapé, les cheveux courant le long de mes épaules :
" J'avais besoin d'être seule, je n'avais envie de voir personne." Des mois déjà que ma soeur était morte et que je ne me remettais pas de son accident. Entre le divorce, mon avortement et sa perte, j'avais l'impression d'être perdue dans un gouffre sans fin. Il s'assied à mes côtés et passa ses bras autour de moi :
" Avalon et moi, c'est pas les autres, ok. C'est nous. On te connaît mieux que personne et tu peux pas continuer à tomber comme ça, Annabella. On te laissera pas, tu m'entends ? " Je tournais mon visage vers lui et un mince sourire éclaira mon visage :
" Regarde toi, tu as encore maigri. Allez, tu sais quoi ? Je vais te préparer un bon plat de pâtes à la bolognaise, ma spécialité." Je ris doucement malgré moi et hochais la tête tandis qu'il m'attrapait pour me lever et me traîner à sa suite dans la cuisine. Tandis qu'il cuisinait, mon regard ne le quittait pas et je lâchais soudain :
" Merci. Merci pour tout, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi." Il sourit, gêné et hocha la tête.
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" Tu es ravissante, merci d'avoir accepté mon invitation." Je lui souris et lissais la robe noire que je portais :
" Merci à toi de m'avoir invitée, je n'avais rien d'autre à faire en plus." Je pénétrais dans son appartement qu'il venait d'acheter récemment histoire de chasser ses souvenirs dans la maison qu'il avait avec Lexie. Il ferma la porte derrière moi et m'offrit un verre de vin que j'acceptais avec plaisir. Nous avions pris l'habitude de passer tous nos vendredis soirs et parfois plus ensemble et je ne voyais plus ma vie sans Sam près de moi. Je le connaissais depuis toujours et plus le temps passait, et plus je me rendais compte de l'homme extraordinaire qu'il était. Je m'en voulais de ressentir ça alors que ma soeur était morte et que sans ça, je ne passerais pas autant de temps avec lui mais je ne pouvais le contrôler. On trinqua doucement et on se mit à table.
A la fin de la soirée, nous nous posâmes dans le canapé, devant une émission stupide mais qui nous faisait éclater de rire à chaque fois.
" Je pourrais passer ma vie comme ça." Je lui lançais un regard surpris tandis que son bras se posait autour de mes épaules, m'attirant contre lui. Je ne le repoussais pas et me blottis contre lui :
" Moi aussi ..." lachais-je dans un souffle. Ses lèvres trouvèrent bientôt les miennes et un baiser passionné nous unit.
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