" Ou tu vas encore ? " Je lançais un regard malicieux à ma jumelle qui émergeait seulement d'une courte nuit et je lui souris :
" Peindre. Cette ville est magnifique. Je me sens inspirée comme jamais." Elle soupira et haussa les épaules :
" A tout à l'heure. N'oublie pas le cours de langue à 14h." Je hochais la tête :
" A tout." Je filais rapidement hors de la petite pension que nous occupions elle et moi, avec plusieurs autres ados. J'étais la seule à m'aventurer comme ça à Rome et j'aimais ça. Je me sentais à l'aise dans cette ville. Ce que je ne disais pas à ma soeur, c'est que je ne faisais pas que peindre. Je tentais de retrouver mon père et cette fois, j'avais une piste. Une vraie piste. Je me rendis donc à l'adresse que j'avais réussi à trouver et commençais à me sentir moins rassurée en constatant que c'était loin d'être un quartier central et sécurisant.
" Hey Signorina, vieni a divertirti con noi." Je ne comprenais pas encore assez bien l'italien pour comprendre ce qu'ils me voulaient mais je me doutais qu'ils ne voulaient pas que mon bien. Je secouais doucement la tête et fis demi-tour mais je sentis rapidement mon bras saisi, me forçant ainsi à me retourner, faisant face à l'un des loubards.
" lasciatemi per favore." Ils eurent alors un sourire qui ne présageaient rien de bon et celui qui me tenait se retourna vers ses potes :
" Un turista i ragazzi! Ancora più meglio! " Je fermais les yeux, le coeur battant comme jamais. Soudain, une voix se fit entendre :
" È con me. Fermate ciò adesso." Je sentis la pression se relâcher sur mon bras et bientôt, il ne restait plus que moi et l'inconnu :
" Désolé, les jeunes de ce quartier sont cons. Américaine ? " Je hochais la tête. Il parlait anglais à la perfection et son sourire était à tomber :
" Moi c'est Fabio, et toi ? " " Piper Olivia Lemonade. Enchantée. Et merci beaucoup de m'avoir aidée." Il sourit devant ma mine timide et haussa les épaules :
" Qu'est ce qui t'as amené à Rome ? L'italien n'a pas l'air d'être ta tasse de thé Lemon." Je laissais échapper un petit rire et soupirais :
" Je recherche mon père .. Mais je crois que ... Je le retrouverais pas." Je sentis mes épaules s'affaisser et sans que je comprenne pourquoi, je me retrouvais dans les bras de cet inconnu en train de verser les larmes que je n'avais jamais réussi à verser avant.
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" Je n'ai pas envie de partir Fabio. J'ai pas envie de te laisser." J'esquissais une petite moue triste et il caressa avec douceur mon visage. Depuis que je l'avais rencontré lors de ma première semaine à Rome, je ne l'avais plus quitté. On s'était revu chaque jour et rapidement, j'étais tombée dans ses bras. C'était rapide mais j'étais persuadée d'être amoureuse de lui.
" Tu vas me manquer Lemon. Promets moi que tu reviendras." Je hochais la tête et déposais un baiser sur ses lèvres :
" Je te le promets Fabio." Il me serra dans ses bras et je sus que je reviendrais, que je ne laisserais pas cette histoire d'un été devenir un souvenir. Penny se moquait de moi, me disait que ce n'était qu'un charmeur comme tant d'italiens et que sitôt mon vol décollé, il m'oublierait. Mais je voulais croire que non. Que j'étais spéciale pour lui.
" Reviens moi vite Lemon." Je hochais la tête avant de partir pour rejoindre ma soeur qui m'attendait, impatiente, et angoissée à l'idée de rater le vol. Pour ma part, j'aurais tout fait pour rater ce vol.
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" Piper, tu vas vraiment partir là-bas ? " Ethan me lançait un regard perplexe et je hochais la tête en souriant :
" Bien sûr ! J'ai réussi ma première année de médecine et je peux partir à l'étranger pour la deuxième. Je n'attendais que ça depuis 2 ans. Retourner là-bas." Ethan était mon meilleur ami depuis le lycée et il était bien entendu au courant de mon histoire d'amour passagère avec mon bel italien.
" C'est pour lui, c'est ça ? " Je haussais les épaules et soupirais :
" J'ai besoin de le revoir, de savoir si quelque chose est possible ou si je n'étais qu'une amourette pour lui. Tu comprends ? Puis, l'Italie m'a plu et je suis déjà familière dans cette langue. C'est idéal pour moi." Une fois de plus, j'allais en Italie pour retrouver un homme. Après mon père, c'était Fabio.
" Tu vas me manquer Pip'." Je souris et il me serra dans ses bras, passant doucement sa main dans mes cheveux.
" Je .. " Mon téléphone sonna le coupant avant qu'il ne termine et je me détachais de lui.
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" Fabio ? " Le jeune homme releva la tête brusquement, interpellé par cette voix qu'il ne connaissait que trop bien :
" Lemon .. Tu es là." Je souris et haussais les épaules tandis qu'il se levait pour s'approcher de moi. J'avais réussi à le retrouver, frappant déjà dans son appartement où son coloc m'avais indiqué où le trouver.
" Je t'avais promis de revenir. Je tiens toujours mes promesses." Il sourit et il me serra dans ses bras.
" Je suis content de te revoir Lemon. Tu restes longtemps ? " Je hochais la tête :
" J'ai décidé de continuer mes études de médecine ici pour un an ou deux. Et puis peut-être rester si tout se passe bien." Après tout, si Fabio voulait toujours de moi, et que tout se passait bien entre nous, pourquoi repartir ? Mon coeur était ici je le savais. Il sourit :
" C'est une bonne nouvelle. Vraiment. Viens, je t'emmène déjeuner." Il me prit la main et on sortit tous les deux.
* *
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" Arrête Fabio, laisse-moi s'il te plaît. Pars juste." Je me recroquevillais sur le canapé dans le studio que je m'étais trouvée à mon arrivée à Rome et baissais la tête.
" Lemon, s'il te plaît, laisse-moi t'expliquer." " M'expliquer quoi Fabio ? Que tu me prends une conne depuis mon retour ? Que c'était cool pour toi d'avoir deux copines ? C'est ça ? " Je le foudroyais du regard avant de me remettre en boule et de soupirais, les larmes coulant le long de mes joues. Je détestais pleurer, signe de faiblesse pour moi et je ne voulais pas qu'il voit ces larmes.
" Lemon. C'est pas ça." Il me prit la main et me força à relever le regard avant de continuer :
" J'allais la quitter, je te le jure. Quand tu es revenue, j'étais avec Isabella depuis presque 1 an. Je ne pensais pas que tu reviendrais et ... Quand je t'ai revue, j'ai su que c'était avec toi que je devais être. Mais je ne voulais pas la blesser, je voulais qu'elle se fasse à l'idée. J'ai commencé à mettre des distances entre elle et moi. Je ne pouvais pas la laisser comme ça, ok." Je le regardais et haussais les épaules :
" Tu aurais du me dire la vérité, ne pas te mettre avec moi tant que tu n'avais pas fait les choses comme il fallait." " Je voulais pas te perdre Lem', je savais que je prenais le risque en te disant la vérité. Isa ne compte pas pour moi, elle n'a jamais autant compté que toi et c'est avec toi que je veux être, ok ? Pardonne-moi, tu verras que je te rendrais heureuse." J'esquissais une moue dubitative et haussais les épaules :
" Tu me mentiras plus, hein ? Plus jamais ? " Il hocha la tête et caressa doucement ma joue :
" Plus jamais, je ne te ferais plus jamais de mal Lemon." Il déposa un baiser au coin de ma lèvre avant de m'enlacer.
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" Fabio ? " Je pénétrais dans l'appartement que nous occupions depuis presque un an maintenant et il s'avança vers moi, un sourire aux lèvres.
" Chérie, je t'attendais justement." Il déposa un baiser sur mes lèvres mais je m'écartais doucement :
" Je .. Il faut qu'on parle. Assieds toi s'il te plaît." J'étais nerveuse et je triturais doucement mon pouce, comme à chaque fois que je me trouvais dans une situation compliquée. Son sourire s'estompa à la vue de ma mine sérieuse et il me regarda :
" Qu'est ce qui se passe Lemon ? " Il me prit la main et m'entraîna vers le canapé où on se posa tous les deux et je baissais le regard :
" Je suis enceinte. Je ... Je comprends pas comment ça a pu arriver. J'ai .. J'ai pu oublier la pilule plusieurs fois mais .. Je ... Je suis désolée. Je sais qu'on est jeunes encore et ... " Il se releva, abasourdi et me contempla, furieux :
" Comment tu as pu être aussi inconsciente Lemon ? Comment ? Putain. Je t'avais dit qu'on devait faire attention. Notre situation nous permet pas d'avoir un enfant tu le sais, tu es encore étudiante et moi je ... Je bosse comme je peux mais j'ai pas de situation stable. C'est pas possible." Je me levais à mon tour :
" Je sais, je sais, ok, j'ai merdé. Mais un bébé, Fabio. C'est le fruit de notre amour. On peut pas s'en débarrasser." " Bien sûr que si. Ils ont inventé l'avortement, tu sais." Je le fixais, incrédule et secouais la tête :
" Jamais." Le lendemain, après une soirée sans se parler, je pris mes affaires et quittais notre appartement, Rome, l'Italie. Il était grand temps de rentrer.